Croisière sud Bretagne

Je viens d’achever une courte croisière de trois jours dans le sud Bretagne au départ de Brest. La trace GPS donne une idée du parcours qui s’est décomposé en :

  • Brest à Saint Evette, parcours de 36 nautiques à 5,1 noeuds de moyenne en déplacement
  • Saint Evette à l’île de Groix en passant par les Glénan, 57 nautiques à 6,4 noeuds de moyenne en déplacement
  • L’île de Groix au Crouesty en passant par l’île de Houat, 37 nautiques à 6,5 noeuds de moyenne
Au départ de Brest

La première étape commence dans un temps mi figue mi raisin avec des averses régulières avec un vent d’ouest nord-ouest et une petite houle qui nous a permis de passer la pointe du raz quasiment sur un long bord de travers. C’est quand même déprimant alors que la France est frappée par la chaleur, la Bretagne résiste encore au soleil et le thermomètre a même du mal à dépasser les 15° en pleine journée, on ne peut pas vraiment parler de sécheresse alors qu’il continue à pleuvoir régulièrement. D’ailleurs à l’approche de la pointe du Raz nous avons été surpris par un grain avec une bonne averse et un vent qui est monté sensiblement dans les tours. La trace GPS marque bien ce moment qui a commencé par un départ au lof brutal avant qu’on puisse rattraper la situation, fort heureusement nous ne faisions pas du rase cailloux à ce moment là.

Navigation sous la pluie à l’approche de la pointe du Raz

Comme le disait Renaud, la plaisance c’est le pied mais en Bretagne, la plaisance porte quand même assez mal son nom et traduit assez mal les conditions de navigation qui peuvent être plutôt rudes. Déjà il faut jongler avec les courants changeant, la marée dans un environnement pavé de caillasses, cela nécessite d’être très précautionneux dans la préparation de la navigation, d’anticiper les embrouilles, gérer les risques et prendre les marges de manœuvre nécessaires, la moindre erreur ou petite avarie peut se payer au prix fort. Mais ce n’est malheureusement qu’en faisant face à des situations inattendues avec des bons coups de stress et de montée d’adrénaline et de prise de décision rapide qu’on apprend le mieux et qu’on devient d’autant plus apte à gérer les situations les plus scabreuses. En plus de cela, on ne peut pas vraiment dire que la météo soit toujours au beau fixe, on doit s’équiper continuellement pour faire face aux conditions les pires et ce n’est pas toujours très agréable de barrer sous une pluie soutenue. On doit faire également avec la houle, même légère elle retourne les estomacs y compris des plus aguerris, malheur à celui qui doit se rendre à l’intérieur surtout le premier jour quand on n’est encore pas bien amariné.

C’est donc dans des conditions plutôt sévères qu’on a passé pleine balle le raz de Sein, le phare de la vieille et la pointe du Raz.

Passage de la pointe du Raz avec le phare de la vieille en arrière plan et la cardinale de la plate
Le phare de la Vieille avec dans le fond le phare de Tevennec

Direction ensuite vent arrière l’abri au mouillage Saint Evette à quelques encablures d’Audierne.

Le lendemain, deuxième étape direction Groix, le vent est encore soutenu et nous permet de maintenir une vitesse moyenne de 6,4 noeuds ce qui est assez remarquable avec même une pointe à plus de dix noeuds. De fait vu le temps que nous allions gagner par rapport à ce qui a été prévu, nous avons décidé de faire un stop pour la pause méridienne aux Glénan qui est sur le trajet. Sur la route, le ciel s’est considérablement éclairci et a fait place à un large soleil.

Le phare d’Eckmühl au passage de la pointe de Penmarc’h

Les nuages restant ancrés sur la côte, le spectacle est assuré par les oiseaux marins par centaine et des dauphins communs venus à notre rencontre. A vrai dire on a plutôt l’habitude de les voir venir quand on est au moteur et c’est plutôt rare de les voir quand on est à la voile, on a conscience du privilège qu’ils nous font.

Pour ce qui concerne les oiseaux, le coin est poissonneux et ça était un festival de plongeons de fous de bassan qu’on a croisé en nombre. Cet oiseau est vraiment magnifique avec sa ligne effilée et son plumage blanc, on le rencontre assez fréquemment au large et très rarement près des côtes.

Un fou de bassan juvénile
Un fou capté en plein plongeon
Un fou qui passe devant un arc en ciel

Les classiques goélands sont également de la partie, preuve qu’ils sont encore capables de chasser par eux même et ne pas faire seulement les poubelles en ville. En revanche contrairement aux fous et aux sternes qui plongent, ils restent à la surface de l’eau pour pécher.

Un peu plus rare on croise également des sternes.

Encore plus rare encore, des puffins des Baléares, il est considéré comme l’oiseau marin le plus menacé d’Europe.

Un puffin des Baléares, l’image n’est pas très nette mais ils sont très rapides et difficiles à prendre

Arrivés sur les îles Glénan, on prend une bouée devant l’île Saint Nicolas. Le vent bien présent et rafraichissant et les températures plus que modestes n’incitaient guère à la baignade.

La fine langue de sable qui délimite la « chambre »

L’après midi à bonne vitesse toujours par vent arrière, on trace vers l’île de Groix où on arrive à l’heure tardive de 19h. Le petit port Tudy est déjà bien plein et le vent encore bien soutenu, la prise de bouée n’est pas simple et on termine en mode collé-serré à plusieurs sur une bouée.

Port Tudy au petit matin alors que le plan d’eau est encore bien lisse

Port Tudy est encore bien calme avant le long week end qui s’annonce il n’y a guère de l’animation qu’au ti beudeff site incontournable pour tous marins de passage qui se respectent.

Le bistrot ti beudeff et ses murs gravés

Le lendemain, le vent est toujours aussi soutenu et nous permet d’envisager une escale supplémentaire pour la pause méridienne sur l’île de Houat. On croise la route du trimaran de course Actual qui trace sa route à bonne vitesse.

On choisit de passer par le chenal étroit du Beniguet avant de lâcher l’ancre face à Port Navallo qui n’a de port que le nom.

Le chalutier Trehic 2 qui passe par le chenal du Beniguet avec sa cohorte d’oiseaux dans son sillage
Au mouillage sur ancre devant l’île de Houat

Direction ensuite par travers le port du Crouesty avec une vitesse soutenue, en partageant un moment le bord avec le voilier traditionnel Krog e Barz.

Bord à bord avec le voilier Krog E Barz
Krog E Barz

Nous arrivons au port du Crouesty en pleine effervescence, tout le monde choisit de rentrer à la même heure, ça bouchonne à l’entrée, les places sont rares, ça tourne en rond dans un espace étroit et avant d’être placé à couple à plusieurs dans des rangées qui peuvent aller jusqu’à 4 voiliers. La manœuvre est rendue compliquée par un vent soutenu qui la rend d’autant plus gratifiante quand l’accostage est réussi.

Nous revenons malgré tout bien bronzés, assez exténués par une navigation plutôt sportive mais heureux de cette navigation riche en expérience et en rencontre.

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