Archives de catégorie : Mes lectures

Les bienveillantes de Jonathan Littell

Je viens de terminer les Bienveillantes de Jonathan Littell qui a été prix Goncourt en 2006. S’il fallait résumer ce livre en un mot je le trouve prodigieux, une de mes meilleurs lectures depuis bien longtemps. Remarquablement écrit, avec un soin du détail historique époustouflant, une vraie réussite, c’est cela dit un livre dont on ne sort pas indemne, il est particulièrement rude.
Le pavé de près de 1400 pages traite du parcours d’un officier allemand SS dans les années tourmentées du nazisme de la prise du pouvoir dans les années 30 jusqu’à la chute finale dans les ruines de Berlin prises d’assaut par les armées soviétiques. Cet officier SS s’est très largement impliqué dans la politique de solution finale d’extermination des juifs et l’utilisation de ces derniers comme main d’oeuvre dans l’industrie d’armement du III Reich à partir du milieu de la guerre.
C’est sur le style de la narration autobiographique qu’on découvre de l’intérieur l’effroyable entreprise d’extermination systématique. Le décalage abyssal entre la description extrêmement précise de l’administration chargée de cette sombre besogne et de ses rouages et l’horreur de l’extermination crûment exposée est tout simplement effrayant. Ce personnage pourrait nous faire croire que n’importe qui avec ses qualités, ses défauts et ses perversions pourraient être entraînés dans une telle entreprise tout en gardant un certain détachement et même en éprouvant quelques plaisirs pervers sans éprouver une quelconque culpabillité ou en se considérant comme un monstre.
A noter le passage sur la bataille de Stalingrad bien mieux qu’un livre d’histoire. L’auteur a du fournir un travail prodigieux de documentation pour en arriver là.

Les Bienveillantes

Pour en savoir plus l’excellente page wikipedia sur le sujet.

Robert Harris – Imperium

Je viens de finir mon dernier poche à savoir Robert Harris – Imperium c’est l’histoire romancée de l’homme d’état romain Ciceron racontée par son secrétaire particulier Tiron. Les évènements relatés sont authentiques mais sous la plume de Robert Harris ils prennent forme, s’animent et rendent la lecture bien plus attrayante qu’un austère livre d’histoire.

On est plongé dans la vie quotidienne d’un homme politique romain entre intrigue, manoeuvre, lutte d’influence, patriotisme et corruption. On y croise des personnages qui ont laissé une forte empreinte dans l’Histoire comme César ou Pompée. Le livre balaye la vie du célèbre personnage du début de sa carrière d’avocat jusqu’à sa nomination au titre de consul (imperium). Finalement à la lecture de ce livre on peut se dire que les luttes politiques actuelles même si elles sont plus policées ne sont pas bien éloignées de celles de ces temps lointains.

Imperium

Du même auteur je recommande fortement Fatherland, l’action se situe en 1964 20 ans après la victoire de l’Allemagne nazie ! A un moment où elle s’apprête à faire alliance avec les USA de Kennedy… Un formidable roman.

Je recommande également pompei l’histoire romancée des derniers jours de la célèbre cité. Un autre excellent livre.

Et pour finir, toujours du même auteur archange un roman qui met en scène le fils caché de Staline éduqué pour reprendre en main son pays avec la poigne de son père. Un thriller vraiment haletant.

Bref vous aurez constaté que j’apprécie tout particulièrement les oeuvres Robert Harris sans doute parce que la trame historique est constante et que j’apprécie particulièrement tout ce qui touche à l’Histoire.

Lecture Max Gallo – l’Empire

J’ai terminé la lecture de l’Empire de Max Gallo, c’est un roman sur fond de l’histoire de l’empire colonial français. C’est l’histoire de différentes familles qui s’entremélent sur une période d’un siècle, cela va de la période de conquête effrenée au début de la colonisation du 19eme siècle (Tome 1 – L’envoutement) à la période de stabilisation dans la première partie du 20eme siècle (Tome 2 – La possession) jusqu’à la période de la  décolonisation après la seconde guerre mondiale (Tome 3 – Le désamour).

C’est avant tout un roman cela dit on parcourt cette période mouvementée comme un livre d’histoire puisque l’auteur relate en trame de fond des faits historiques alors que des personnages réels comme Francis Garnier ou Léopold Senghor sont des personnages actifs du roman dans leur propre role historique. En abordant la difficile période de la colonisation Max Gallo ne verse pas dans le manichéisme primaire avec les méchantes colons et les gentils sauvages, les personnages sont particulièrement complexes d’un côté comme de l’autre, à l’image de ce qu’on peut trouver dans la vie. C’est très prenant et cela permet de réviser l’histoire de France. A ce propos, j’ai été surpris de voir qu’il parlait d’une rue Guynemer en 1900, je ne connais qu’un Guynemer, Georges de son prénom, grand as de l’aviation qui s’est rendu célèbre que pendant la première guerre mondiale. Est-ce possible que Max Gallo ait pu commettre une bourde pareille !?

A part ça c’est pas vraiment un roman à l’eau de rose, c’est assez brutal, dur et même violent à la limite du gore dans un style qui m’a rappelé son roman la croix de l’occident, je ne sais pas si c’est bien nécessaire.

L'empire de Max Gallo

La croix de l’occident de Max Gallo

J’ai terminé la lecture des deux tomes de La croix de l’occident de Max Gallo dernière recrue de la célèbre Académie Française. C’est l’histoire d’un jeune noble provençal à la fin du XVIeme siècle sur fond de guerre de religion. C’est une vasque fresque historique à une époque particulièrement mouvementée et violente où on revisite l’histoire de France de François Ier à Henri IV. Max Gallo nous fait revivre de l’intérieur des évènements marquants de ce siècle comme le massacre des huguenots durant la Saint Barthélémy. Attention cependant cela reste un roman, l’histoire est quelque peu franchement revisitée, les caractères des personnages comme Henri III ou la reine Margot sont conformes à leur réputation populaire mais en sont assez loin d’un point de vue strictement historique. Ce livre est néanmoins l’occasion de se replonger dans notre histoire qui fut loin d’être un long fleuve tranquille.

La croix de l'occident

Baudolino d’Umberto Eco

Je continue dans mon cycle de nature des bouquins d’Umberto Eco, je viens de terminer Baudolino. Le moins qu’on puisse dire est que l’auteur a déliré un max pour écrire son livre,  ça change radicalement de ses livres précédents, très rationnels, avec celui-ci ça part dans tous les sens, un délire maximum qui va en crescendo jusqu’à une espèce d’apothéose dans la fantaisie la plus totale.

A la base c’est l’histoire rocambolesque de Baudolino un brin mythomane et fabulateur au XIIeme siècle entre Constantinople, Jerusalem et un très lointain pays imaginaire peuplé d’espèces mythiques. Avec cela on mélange la quête du Graal (gradale) une pincée de théologisme, des histoires d’amour, un crime parfait, et on obtient ce roman complètement hors norme. Un modèle du genre dont je conseille vivement la lecture.

Baudolino

Au sujet de Baudolino il faut lire la page qui lui est consacrée sur wikipedia.

Umberto Eco La mystérieuse flamme de la reine Loana

Je viens de terminer un pavé d’Umberto Eco qui a pour nom la mystérieuse flamme de la reine Loana. Cela part de l’histoire d’un libraire antiquaire qui a perdu la mémoire suite à un accident cérébral, tout le livre relate son combat pour la retrouver, jusqu’au jour où il la retrouve, mais à ce moment là, il est trop tard, mais je n’en dirai pas plus pour ne pas divulguer la fin du roman.

La mystérieuse flamme de la reine Loana

Ce livre est assez déroutant quant on connait l’auteur, cela change de ses autres romans comme le nom de la rose ou l’île du jour d’avant en passant par le pendule de Foucault qui sont basés sur une forte intrigue historique. Cette fois-ci c’est une plongée profonde dans l’intimité d’une personne bercée de nostalgie, d’amours et de souvenirs d’enfance, à la limite du fantastique. L’autre originalité du livre est qu’il est illustré, y compris dans sa version poche, par de nombreuses photos et reproductions d’affiches et de bandes dessinées. Un véritable bric à brac d’images qui viennent illustrer un texte d’une rare érudition. Les amateurs de BD des années 30 à 40, notamment celles italiennes seront ravis. Umberto Eco ne nous avait pas accoutumé à ce type d’exercice auparavant. On se demande même si ce livre n’est pas autobiographique puisque l’auteur a sensiblement le même âge que son héros.

Au final un très bon roman dont je ne peux que conseiller la lecture.

Lecture Napoléon de Max Gallo

Je viens de terminer les 4 tomes de Napoléon de Max Gallo. C’est assez original à mi chemin entre le roman, la biographie et le livre d’histoire, il a choisi de se placer dans la peau de cet illustre personnage, en essayant d’imaginer ce qu’il pouvait ressentir, y compris ses pensées les plus intimes. Tout y passe la grande Histoire avec ses batailles qui restent des références, l’homme de loi qui marque encore nos institutions et la petite histoire avec ses rapports avec Joséphine de Beauharnais notamment.

On pourrait reprocher à Max Gallo de faire des suppositions parfois hardies sur ses pensées, mais le fait de les replacer scrupuleusement dans le contexte historique rend l’ensemble très crédible.
Je ne mettais jamais vraiment intéresser à cette époque, ma période de prédilection ayant toujours été le XXeme siècle, mais comment ignorer ce personnage mythique qui fait parti maintenant de l’histoire universelle au même titre qu’un Cesar ou Charlemagne. Ces bouquins sont de très bons points d’entrée pour le découvrir de manière agréable bien loin du livre historique sans âme.

Tom Clancy – Les dents du tigre

Mon dernier livre lu est celui de Tom Clancy, les dents du tigre. J’ai lu la collection complète de Tom Clancy avec son héros éponyme Jack Ryan et celui-ci est son dernier. J’ai toujours adoré chacun de ses livres, une intrigue toujours très bien ficelée, qui colle parfaitement à l’histoire ou à l’actualité, avec un sens du détail stupéfiant. Chacun de ses pavés (500 pages en moyenne) se lit avec une rapidité déconcertance tellement ils sont prenants.

En ce qui concerne son dernier opus il présente la particularité que ce n’est plus Jack Ryan le héros mais son fils. Et bien globalement j’ai été déçu, c’est bien la première fois, on ne croit pas du tout à l’intrigue une seconde, c’est manichéen, simpliste, et ça rappelle des mauvais films américains style Independance Day avec son patriotisme dégoulinant. Et je ne parle pas de tous les propos anti européens à longueur de page, vraiment désolant.

Peut être que le filon a tendance à se tarir comme malheureusement cela arrive souvent avec des séries de bouquin avec les mêmes héros, le fait d’avoir mis en scène le fils de Jack Ryan est visiblement une tentative pour relancer la série, et bien c’est plutôt raté. J’espère qu’il va se reprendre dans les prochains livres.

Da Vinci code

D’habitude je n’aime pas lire les bouquins à succès, ceux qu’on voit en tête de gondole chez tous les libraires et grandes surfaces, et bien là j’ai cédé à la folie Da Vinci code de Dan Brown. La lecture de ce bouquin a confirmé mes a priori, il faut croire que l’auteur n’a jamais mis les pieds en France où se déroule en grande partie l’action du roman, c’est bourré de clichés tous aussi gros les uns que les autres sur la France et les français, mélangé à un discours d’érudition à deux balles, ça fait un mélange assez navrant et franchement peu crédible. Pour illustrer ce propos, le windsurfeur que je suis, n’a pas manqué de sourir à la lecture du paragraphe suivant:

Juste avant de mourir, Rémy Legaludec eut l’impression très nette d’entendre le bruit des rouleaux que chevauchent les surfeurs, sur les plages de la Côte d’Azur

Il faut croire que la renommée de Brice de Nice a dépassé l’Atlantique 🙂
Le roman est basé sur l’histoire du prieuré de Sion qui est en fait un immense canular inventé par un affabulateur du nom de Pierre Plantard qui voulait faire croire qu’il était le dernier descendant des rois mérovingiens. Ce qui est le plus grave est que Dan Brown fait passer pour des faits historiques avérés des suppositions voire des affabulations issues d’un mythomane. D’ailleurs je vous conseille vivement la lecture de la page que lui consacre Wikipedia qui démonte le roman avec ses incohérences et ses faux vrais faits historiques (attention pour ceux qui ne l’ont pas lu, elle dévoile l’intrigue du roman). Plus sérieusement sur le même thème je conseille plutôt l’excellentissime pendule de Foucault d’Umberto Eco, qui avec l’érudition qui le caractérise démonte et se moque avec humour de toutes ses prétendues sociétés secrètes détentrices de je ne sais quel secret.